Depuis le 31 octobre dernier, en se rendant dans la plupart des salles de cinéma françaises, le public peut tomber nez à nez avec la moustache emblématique du grand Freddie Mercury.
Près de 27ans après sa disparition due à une pneumonie contractée alors qu’il avait le SIDA, la « tête chantante » du groupe Queen reste ancrée dans les esprits en symbolisant une icône libérée du rock.
C’est le réalisateur américain Bryan Singer qui, après la réalisation de nombreux X-Men, nous propose un biopic sur le groupe mythique qui a fait s’envoler le monde de la musique au milieu des années 70.
Un casting digne de l’illusion
Freddie Mercury, de son vrai nom Farrokh Bulsara, est interprété par l’acteur Rami Malek, célèbre pour son rôle dans la série Mr Robot qui lui a valu l’Emmy Award du Meilleur Acteur dans une série télévisée dramatique en 2016.
Prothèses dentaires et moustache lui permettent de créer l’illusion, la ressemblance est époustouflante. Freddie Mercury est joué comme une bombe électrique, débordant d’énergie créative, dont la spontanéité sur scène n’a pas été simple à interpréter.
L’acteur américain a réalisé un travail méticuleux pour réussir à trouver les postures, les attitudes physiques, les mimiques du chanteur… Il a fait appel à un chorégraphe pour comprendre sa façon de danser, à un orthophoniste pour reproduire son accent.…
Sur scène, Rami Malek a dû reproduire plusieurs concerts du groupe, dont l’Aid Live qui a été filmé en une seule prise avec une gageure à la clé : trouver dans son jeu la spontanéité ardente des danses de Freddie. Une performance exceptionnelle que d’avoir l’énergie nécessaire pour rejouer un concert de cette ampleur dans la peau d’une bête de scène inépuisable.
Mais ce dernier apparait aussi comme un personnage sous tension pendant presque toute la durée de Bohemian Rhapsody : les questions sur l’orientation sexuelle du chanteur restent floues, tout comme l’a été le chanteur durant sa carrière.
On notera par ailleurs la qualité des costumes et des maquillages qui traduisent totalement l’effervescence du chanteur et plus largement de l’époque qui l’a porté.
Le reste du casting présente des acteurs physiquement tout aussi fidèles aux vrais membres de Queen ainsi que la famille proche de Freddie.
Pas de Queen sans Mercury, pas de Mercury sans Queen
Plongé dans l’univers du groupe, Bohemian Rhapsody nous offre l’essence même de Queen : le génie de chaque membre du groupe est mis en avant, nous exposant sa virtuosité particulière.
Ainsi, le film consacre la capacité du groupe à renouveler son esthétique musicale, notamment par le biais de la chanson éponyme « Bohemian Rhapsody » opérant un subtil mélange entre rock et opéra. Queen se prévaut d’une musique sans frontières que chacun peut s’approprier, à la fois novatrice et accessible à tous.
Ce n’est donc pas simplement le personnage envahissant de Freddie Mercury qui est mis en avant dans le film mais bien l’ensemble du groupe qui, vous le verrez, ne peut réellement faire « du Queen » qu’au complet.
Bohemian Rhapsody : hommage ou hagiographie?
Si le film de Bryan Singer offre une interprétation fidèle de la bête de scène qu’était Freddie Mercury, certains peuvent lui reprocher une construction très linéaire et chronologique. La dimension presque mythologique du chanteur et du groupe peut aussi en agacer certains.
Ainsi, Freddie Mercury, dont l’extravagance peut paraitre parfois excessive, semble souvent adopter, dans le film, une place de « victime » de la décadence d’un milieu artistique malsain. Était-ce vraiment le cas en réalité?
L’évocation du sida dans le film est traitée sans emphase, ce qui peut paraitre surprenant car à l’époque cette maladie est une véritable pandémie qui cause déjà des millions de décès dans le monde. Le parti pris du réalisateur est semble-t-il d’aborder la maladie de la même façon que Freddie Mercury l’a fait dans sa vie médiatique: de manière implicite et réservée.
L’esthétique générale du film glisse alors vers une certaine sacralisation du groupe où rien ne semble être insurmontable pour des icônes du rock qui cultivent un succès planétaire, même après la séparation du groupe.
On ne saurait reprocher à Bohemian Rhapsody certaines faussetés, l’absence ou la mise en avant de certains éléments de l’histoire du groupe car il s’agit d’un biopic qui, contrairement à un documentaire, admet une part de fiction dans son scénario.
En ce sens, Bryan Singer manie la puissance du 7ème art pour rendre un hommage appuyé au génie musical de Queen avec un humour attachant.
Bohemian Rhapsody est une ode à Queen, à vous donner envie de danser jusqu’au bout de la nuit…
Y'a plus qu'à courir dans la salle de ciné la plus proche !
Luna Salanave I 12/11/2018
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