Wes Anderson, dont le prochain film The French Dispatch doit sortir cet été, est un réalisateur très polyvalent puisqu’il est aussi acteur, producteur, scénariste et auteur.
Du coup, c’est dans ces temps de confinement « intense » que Feather a décidé de vous parler de L’île aux Chiens, un film d’animation réalisé par Wes Anderson en 2018 et dont le scénario effleure presque la réalité…
En parlant de quarantaine...
La ville japonaise de Megasaki, dirigée par le « maire » Kobayashi (qui s’apparente plus à un dictateur qu’autre chose) fait face à une surpopulation de chiens. Seulement, une épidémie de grippe canine frappe la ville et le maire ordonne (malgré les protestations) que l’on mette tous les chiens en quarantaine !
« L’île poubelle », qui est entièrement faite de déchets, est réquisitionnée comme terre d’asile pour tous les chiens de la ville.
Le jeune héros, Atari, un orphelin de 12 ans de la même famille que le maire, se voit arracher la seule chose à laquelle il tient depuis la mort de ses parents : son chien Spots avec qui il communiquait depuis toujours par un système d’oreillette. Il décide alors de voler un petit avion « turbopropulseur XJ 750 » pour rejoindre l’île et récupérer son fidèle ami.
Entre engagement, humour et émotion
Tout au long du film, dont la trame se déroule tel un vrai spectacle, on découvre un régime totalitaire, stricte et difficile, qui fait froid dans le dos, semble corrompu, cacher des choses et manipuler son peuple.
Cette dureté forme un contraste avec la douceur et l’attachement qu’inspirent les personnages d’Atari, ou encore de la bande de cinq chiens (Chief, Rex, Boss, Duke et King) qu’il va rencontrer durant son périple sur L’île aux Chiens. Chaque personnage est extrêmement travaillé, avec un casting notamment incarné par Bryan Cranston, Edward Norton et Bill Murray. À tout cela, vient s’ajouter une touche d’un humour efficace qui donne un dynamisme supplémentaire au scénario.
Un travail de fourmi
Dans le processus de réalisation du cinéma animation, la mise en mouvement des personnages et de leurs émotions, soit “l’animation” en elle-même, est l’une des étapes les plus compliquées. Pour L'île Aux Chiens, l’équipe du film procède à la réalisation plastique de chaque expression faciale pour chaque personnage, ce qui offre un réalisme frappant accompagné d’une justesse folle dans les émotions.
Par ailleurs, Wes Anderson et ses graphistes ont mené un long travail d’observation de vrais chiens afin de pouvoir réaliser la reproduction de leur démarche la plus fidèle possible, ce qui est saisissant à l’image.
L’esthétique visuelle des décors (couleurs, textures) est époustouflante, tout comme les personnages, le pelage des animaux ainsi que tous les détails inimaginables que demande une réalisation si minutieuse! Par ailleurs, l’esthétique graphique des déchets y est très intéressante car il y apparaissent presque beaux !
Au total, ils sont 27 animateurs et 10 assistants à avoir travaillé sur la réalisation du film !
« Du grand Wes Anderson ! »
Après Fantastic Mister Fox en 2009, son premier film en stop motion, Wes Anderson a prouvé une nouvelle fois que son talent est immense, tant en prise de vue réelle qu’en animation.
L’esthétique de L’île aux Chiens est magnifique : dès le début du film, la réalisation est marquée par les titres, un montage assez rythmé, ainsi qu’une bande sonore/musicale très travaillée. Tous ces éléments et cette justesse sont symboliques du travail de Wes Anderson qui orchestre ses créations cinématographiques à la seconde, à la note de musique, au centimètre, à la nuance de couleur près. Les plans offrent de véritables “scènes de théâtre”, pareilles aux films en prise de vue réelle, si bien que l’on en oublierait notre écran face à un réalisme presque déroutant.
Dans cet hommage engagé de Wes Anderson à la culture japonaise, qui s’illustre par son côté tant traditionnel que futuriste, L’île aux Chiens constitue un merveilleux film d’animation, tant dans la richesse de son scénario et de sa réalisation, que dans sa capacité à faire passer des messages forts.
Luna Salanave | 03/03/2020
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