Du 29 novembre au 4 décembre 2022 à Bordeaux, « Afriques en vision » revient pour sa deuxième édition et vous propose à nouveau de rencontrer des films africains indépendants. Vous serez amené à regarder les différents pays d’Afrique et toutes les questions sociétales qu’ils soulèvent à travers les yeux des réalisatrices sélectionnées par « Afriques en vision » et de leurs 11 films à l’affiche.
« Afriques en vision » c’est une manifestation des regards à travers le média du cinéma pour faire découvrir un continent que l’on a tendance à ne connaître que trop peu.
C’est aussi des clins d’oeil lancés par des réalisatrices africaines sur le monde et sur des questions contemporaines qui concernent tout un chacun que ce soit autour du droit des femmes (avec Mères de Myriam Bakir, Future Lullaby de Blick Bassy, ou encore Visage de femmes de Désiré Ecaré), de l’identité fragilisée entre amour et exil d’un pays (avec No Simple Way Home d’Akuol de Mabior et Le Choix de Fati de Fatima Dadzi) ou par des approches plus poétiques, de la vie, de la mort et de l’amour (avec Dialemi de Nadine Otsobogo, Jean Genet, notre Père-des-Fleurs de Dalila Ennadre).
L’équipe Feather vous propose alors un récapitulatif du déroulé du programme avec les grandes lignes pour chaque film à l’affiche. De quoi, on l’espère, attiser votre curiosité sur un cinéma encore trop peu mis en avant.
Le mardi 29 novembre, au FRAC, deux films éclaireront l’histoire du soulèvement contre le colonialisme portugais. Effects of Wording (2014) de Catarina Simão ressemble à un essai-documentaire qui interroge à la fois le matériau qu’elle utilise, l’archive et la mise en place d’un système éducatif pour les mozambicains et mozambicaines contre le colon portugais. Plus qu’une simple image de papier, témoin d’un passé, l’archive devient une clé d’interprétation et de compréhension du projet éducatif (et émancipatif) du FRELIMO (Front de Libération du Mozambique). Quant à Sarah Maldoror, elle tire le titre de son film Monangambée (1969) du cri de ralliement angolais, symbole de la lutte anti-coloniale. En s’inspirant non pas de l’archive mais d’une nouvelle écrite par José Luandino Vieira (angolais emprisonné par le pouvoir colonial portugais), la réalisatrice hurle contre les tortures de l’armée portugaise sur les angolais.
Pour info, les projections commencent à partir de 18:30 au FRAC et se poursuivent par un échange avec la réalisatrice Catarina Simão. Une participation financière d’au moins 2€ est demandée. Le FRAC fait entrer son exposition en résonance avec les films en vous proposant une exposition intitulée Les Péninsules Démarrées (gratuite, à partir de 16h) consacrée à l’art portugais contemporain (de 1960 à nos jours).
En ce 1er du mois de décembre, le festival d’Afrique en vision met le thème de l’amour (et sous toutes ses formes) au centre avec deux tendres protections filmiques. À partir de 20h au Cinéma Utopia, venez voir No Simple Way Home (2022) d’Akuol de Mabior, un documentaire sur une femme, Rebecca Nyanden de Mabior, veuve du premier vice-président du Soudan et connue comme « la mère du Sud Soudan ». Par amour pour la patrie, ce couple s’est battu pour mettre fin à un Soudan trop longtemps en guerre. Amour de la terre originelle, amour du peuple, amour du pays : que deviennent ces sentiments quand on a dû s'exiler ? La réalisatrice insère un biopic dans le biopic en intégrant Akuol, la fille de Rebecca, exilée qui s’interroge sur son identité sud-soudanaise en suivant sa mère caméra à l’épaule.
La deuxième projection est un court-métrage fictionnel, intitulé Dialemi (2013) de Nadine Otsobogo. Un sculpteur travaille à la réalisation d’un buste de pierre jusqu’à ce qu’un après-midi une mystérieuse femme apparaît telle une vision. Une passion de l’art appellerait-elle une passion amoureuse ? Un court-métrage intriguant dont on risque de tomber amoureux.
Un apéro DJ-set de sons éthiopiens par Florent Mazzoleni clôturera la soirée.
Le lendemain, vendredi 2 décembre, toujours au cinéma Utopia, la réalisatrice Dalila Ennadre dans son documentaire Jean Genet, notre Père-des-Fleurs (2021) évoque un Genet que l’on connaît que trop peu. Jean Genet s’installe au Maroc à Tanger dans les années 1970. Il n’écrivait pas, ne sortait que très peu et pourtant il a marqué le peu de ceux qui l’ont connu. Une famille garde précieusement sa tombe blanche dans ce cimetière vue sur mer. Le film est perçu par la réalisatrice comme un « dialogue entre les vivants et les morts, une invitation à tenir les mondes ensemble, entre sourde révolte humaniste et élégie poétique ». Après une célèbre tête d’affiche, le film de Désiré Ecaré met à l’honneur des Visages de femmes à 20h30 (toujours à l’Utopia), récompensé par le festival de Cannes en 1985 par le prix FIPRESCI. C’est l’histoire de trajectoire de vies de femmes qui se mêlent sur fond de paysage ivoirien. Des combats de femmes africaines qui se dressent et qui s’émancipent contre le poids d’une tradition oppressive.
C’est à nouveau des vies de femmes qui seront projetées à l’écran le samedi 3 décembre avec le documentaire Mères (2020) de Myriam Bakir (Utopia ; 14h30). Elle met sur le devant de la scène des femmes pourtant perçues comme des parias par la société marocaine qui condamne les mères célibataires à la prison ferme. En suivant, Future Lullaby (2022) de la tik-tokeuse Blick Bassy apporte un peu plus de douceur à ce monde de brutes. Elle incarne une mère traversant les époques (de 1958 à 2044) chantant des berceuses pour son bébé : un court-métrage poétique sur la figure maternelle.
Pour clôturer ce beau programme, « Afrique en vision » vous donne rendez-vous de nouveau à l’Utopia autour de 10h pour savourer un brunch en musique. À 11h30, une fois la panse pleine, installez-vous dans les fauteuils moelleux de l’Utopia pour profiter d’un trio de courts-métrages : Le Choix de Fati (2021) de Fatima Dadzi, Qu’importe si les bêtes meurent (2020) de Sofia Alaoui et Toutes les nuits (2021) de Latifa Saïd. Le Choix de Fati nous parle de l’exil vers l’Europe-mirage et du difficile retour au pays d’origine tandis que Latifa Saïd, dans sa fiction, évoque l’amitié, la marginalité et les liens mère/fils. Sofia Alaoui nous invite, quant à elle, à voyager en Atlas, dans la chaîne de montagne qui longe le Sahara où la vie est difficile.
Chaque projection est suivie d’une discussion avec les réalisatrices, des spécialistes ou des historiens.
De petites conférences vous sont aussi proposées comme :
jeudi 01.12 : la réalisatrice de No Simple Way Home vous propose une masterclass autour de la question de la représentation des politiciens africains dans le cinéma à 16h à La Troisième Porte à Gauche, Bordeaux (et c’est gratuit).
samedi 03.12 : Table-ronde autour de « La représentation des femmes dans les cinémas africains d’aujourd’hui ».
Les lieux
Cinéma Utopia, 5 place Camille Jullian à Bordeaux.
La Troisième porte à gauche, 72bis rue des Menuts à Bordeaux.
FRAC Nouvelle-Aquitaine MECA, 5 Parv. Corto Maltese à Bordeaux.
Billetteries
Séances Cinéma Utopia - tarif séance : 7€ / 4,5€ pour la séance de courts-métrages et 15€ pour le ciné-brunch.
Elise Colle-Luec ⎮ 21.11.22
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