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Dampa : le duo d’electro-rap qui bouscule les codes avec passion

Dernière mise à jour : 26 juin 2019

C’est au coeur de la suave citadelle de Bourg, à l’occasion du festival Vie Sauvage que Feather a eu la chance de rencontrer le duo Dampa. Le groupe, lauréat du prix Ricard Live dégage une puissance musicale unique et entremêle le son électro dense et impétueux de Victor à la fougue et la chaleur du rap de Angéline. Dampa offre à son public des clips travaillés et matures, des shows portés par une alchimie éloquente et une musique dont ils nous disent tout dans cette interview au bord de l’eau.

Vous avez remporté le prix société ricard live music 2019, concrètement qu’est-ce que ça va vous apporter et comment allez-vous faire de cette récompense un atout ?


Angeline : On l’a gagné en janvier dernier et le prix Ricard en plus d’être une exposition c’est une dotation qui nous a beaucoup aidé. Le prix nous a aidé à produire deux petits EP, des clips, à acheter du matériel dont on avait besoin. C’est une chance de dingue parce qu'aujourd’hui quand on veut se professionnaliser en tant que groupe ça passe aussi par le financement. Pour avoir du matériel, partir en tournée ou même pouvoir explorer des idées qu’on a et qui nécessitent du matériel. Aussi en terme d’exposition, ils nous ont beaucoup aidés à nous faire voir de certain programmateurs comme ceux de Vie Sauvage par exemple. Il y a pas mal de festivals qu’on fait avec et grâce à eux cet été. Il faut savoir le transformer et se l’approprier mais c’est quelque chose qui est énorme pour un groupe qui est aussi émergent que nous. Ça nous aide à grandir et même à appréhender le terrain professionnel de la musique parce que c’est un vrai terrain de jeu avec des codes qu’on a pas forcément quand on est dans son studio.


Autre grand évènement pour vous c’était la première partie de Vitalic, un artiste qui apporte beaucoup d’importance au live. Vous faites beaucoup de festival de scènes différentes, comment vous adaptez votre énergie aux foules et publics différents ?


Victor : Ce qui peut s’adapter je pense c’est surtout l’énergie de l’interprétation en fonction du public qu’il y a et son répondant. Après en scénographie on a fait fabriquer un meuble dans lequel il y a des synthés et c’est le seul élément utilisé sur scène sinon c’est la présence d’Angeline.

Angeline : On est 2 sur scène, Victor est seul musicien et moi je chante. Avec l’électro les choses sont assez programmées en terme de temps et de musique, tout est cadré. On avait quand même hâte de faire des festivals. On avait le souvenir du Roscella Bay à La Rochelle. C’était assez incroyable parce que les gens ont une toute autre attitude qu'en salle ou généralement on joue tôt en tant que groupe émergent, c’est ce qui s’est passé en première partie de Salut c’est cool. La on joue à 23h avec une énergie dans laquelle les gens se lâchent beaucoup plus, ils dansent plus, ils sont plus sauvages.


Vous avez des vidéos très marquantes avec un univers monochrome et géométrique, comment avez vous construit votre identité visuelle, quelles sont vos inspirations ?


Angeline : On est inspiré par beaucoup de choses, il n’y a pas de mouvement auquel on adhère particulièrement après forcément on voit des choses qui nous inspire. Avant d’être artiste j’étais graphiste et j’ai fait un peu de motion design donc l’image et l’esthétique est quelque chose de très important pour nous. On est très différents en inspiration par exemple en terme de film Victor va beaucoup aimer les films français, ceux de De Funès par exemple et ça ne se retrouve pas dans notre esthétique. Moi j’aime beaucoup les films d’anticipation et de science fiction. On est attachés à l’image parce qu’on n'avait pas envie en premier lieu de montrer nos têtes et de reposer le groupe sur ça, on voulait pouvoir développer des histoires. C’est ce qu’il s’est passé avec le clip de Crises, on a travaillé avec Mathieu Renoult qui est très talentueux. Cet attachement de la belle image on l’a depuis toujours et on veut le garder. J’ai pas envie de citer d’artistes parce qu’on a des références et des influences qui n’ont rien à voir. L’histoire du monochrome c’est le collectif CLACK qui nous l’a proposé. Au départ le concept qu’on veut représenter c’est le clair-obscur, c’est ce qui nous intéresse le plus. Quand j’ai fait de l’histoire de l’art, les tableaux de Delatour m’ont vraiment marqués et époustouflés parce qu’il y a toujours une immense part d’ombre dans un point de lumière et il faut trouver ce chemin, soit vers l’ombre soit vers la lumière. Dans notre musique il y a toujours un contraste. Donc le monochrome n’a pas d’influence, c’est un paris esthétique qu’on s’est lancé avec CLACK. Pour les images prochaines on va peut-être revenir à quelque chose de plus artistique, toujours dans ce délire de clair-obscur parce que si il y a quelque chose qui nous anime esthétiquement parlant c’est ça.


Comme votre esthétique est-ce que le fait de mélanger les genres est quelque chose de naturel chez vous ou c’est une volonté de bousculer les codes ?


Victor : Nan justement, ce n’est pas une volonté parce que c’est assez naturel. L’idée c’est de composer en fonction de nos émotions et de nos envies sur le moment. Tout ça génère en plus de nos multi influences un pelèmele de genres qui n’est pas une volonté mais un point de rencontre

Angeline : On fait les sons naturellement et plus ça va plus on l’assume. On veut porter cette idée de liberté des genres tout en affinant nos personnalités et notre musique.


C’est difficile avec cette ambition la de se faire une place dans cette même industrie musicale ?


Victor : Là pour le coup on est aidé par le prix Ricard qui nous permet de faire ce qu’on veut et on se dit que le classement des genres se décloisonne une peu

Angeline : On a commencé à faire de la musique avec l’ordinateur, même sans savoir jouer d’un instrument on pouvait faire nos propres morceaux et c’est le cas de beaucoup de monde, tous les enfants d’internet. On veut pas se cloisonner à un genre. On est pas là à porter uniquement des t-shirts de métal ou de rock. C’est vrai qu’on a déjà été confronté à des professionnels ou des gens du terrain qui peuvent nous dire : « je vous suis pas, je suis perdu, c’est inclassable ». Mais grâce à Color.blind on a pu un peu expliquer tout ça et ceux qui nous suivent comprennent notre musique, où on veut les emmener. C’est pour ça qu’on a sorti l’EP en deux fois aussi. Je pense que dans 10 ans on ne parlera plus de genres musicaux.

Vous avez commencé très tôt, à 15 ans, c’était une évidence Dampa ?


Victor : Alors on a habité ensemble donc on était beaucoup plus productif qu’à l’époque ou on s’envoyait des choses et qu’il y avait un mois de délais avant de se mettre d’accord. C’était une envie commune de professionnaliser un projet et de ne plus faire de la musique pour soi.

Angeline : C’est quelque chose qui est tellement engageant et important de se dire qu’on a créé un groupe de musique. On s’est lancé après cette période là aussi, on a pu explorer Victor comme moi des choses différentes musicalement parlant. Victor est beaucoup plus dans le studio et moi plus dans le live. J’ai l’impression qu’on s’est rejoint au bon moment, on avait des choses à réunir ensemble. Ça fait cinq ans qu’on a ce projet en tête mais on a fait notre première date seulement il y a un an et demi parce qu’il fallait bosser avant. Victor a toujours voulu travailler avant de sortir quoi que ce soit. Aujourd’hui c’est tellement simple avec internet de poster qu’on pourrait se dire on fait un son et on le sort.

Victor : On ne voulait pas sortir d’ébauches ou de morceaux pas finis. Notre manager aussi nous a grandement conseillé de travailler notre image, nos sons et de prendre du temps afin d’être en accord avec ce qu’on fait.


Malgré ça votre processus de création est quand même très spontané ?


Victor : Généralement il y a une base de musique dont Angeline a besoin pour écrire et la on échange sur le morceau, si il accroche ou pas et c’est comme ça que les titres évoluent petit à petit.

Angeline : Victor est quelqu’un de très prolifique en terme de musique donc il va produire tous les jours, moi je suis plus dans la retenue dans mon écriture. Je repense à des morceaux aujourd’hui qu’on a créé il y a des années comme Clubs qui s’est fait en deux heures top chrono très naturellement. On l’a même clipé alors qu’on pensait que ce serait un son plus léger. Il y a des morceaux comme Crises qui ont été plus long parce que je ne l’ai pas du tout aimé au départ quand Victor me l’a présenté. Il était trop grave et trop lourd et au final on l’a transformé, il m’a aussi permis de m’exprimer et c’est un des sons dont je suis le plus contente et fière. Il n’y a pas de règles.

Si tout comme nous, les lauréats du Prix Ricard vous ont séduit par leur honnêteté et la force de leur création, laissez vous porter par leur EP Color.Blind, réelle révélation artistique et fruit d’un travail passionné. Dampa surprendra toujours son public et se surpasse à chaque opportunité, On a hâte de voir ce qu’ils nous réservent dans un futur prometteur pour eux...


INFOS PRATIQUES :


 

Louise Naudot | 21.06.2019

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