Feather a eu la chance de rencontrer et de discuter avec Calypso, plus connue sous le nom de Sopycal. Originaire de la plus belle ville de France, Bordeaux ; Sopycal est une artiste jeune, talentueuse et lumineuse. Comédienne à la base, c’est aujourd’hui en musique que Sopycal a choisi de s’exprimer artistiquement. Ses chansons sont un mélange de rap, slam, reggaeton et même de pop-électro. Artiste qualifiée comme étant engagée, nous avons pu en apprendre plus sur l’univers qui entoure cette jeune femme douée et polyvalente.
Étant originaire de Bordeaux, portes-tu une importance dans le fait de te développer artistiquement dans cette ville ?
Oui, effectivement j’aimerai beaucoup. En tant que comédienne, je suis montée à Paris, ça m’a un peu frustré, mais par rapport à mes ambitions dans la comédie, c’était à Paris que je devais monter. Pour la musique, c’est différent, je me suis dit que c’était quelque chose que je pouvais décider. Et c’était important pour moi d’implanter mon projet sur le territoire.
Mon rapport à la musique urbaine, c’est un rapport de danse, de la culture hip-hop. L’art se fait partout, l’art vient de la rue et principalement de la danse pour moi
Tu m’as dit être comédienne avant la musique, quel est ton rapport avec l’art et quand est-ce que la musique est arrivée dans ta vie ?
Depuis toute petite, j’ai toujours voulu être comédienne, faire du théâtre, du cinéma, etc. Et hyper tôt, j’ai eu accès à ça grâce à mes parents. Un jour, mon père m’a emmené à un casting ; malheureusement, j’étais trop jeune pour le rôle, mais ils m’ont quand même dit « viens sur le tournage ! ». Et je me suis retrouvée sur un tournage de Patric Chiha avec Béatrice Dalle, à pouvoir explorer tout ce qui se cache derrière. Je posais des questions à toute l’équipe technique, j’étais comme une ouf !
Puis j’ai enchaîné des petits rôles, quand même assez conséquent, dont un premier rôle dans la série Famille d’accueil (diffusé sur France 3 à l’époque). Par la suite, j’ai intégré une fac de théâtre, j’ai fait de la danse et de fil en aiguille ça m’a amené à faire du rap en cachette chez moi.
Mais mon rapport à la musique urbaine, c’est un rapport de danse, de la culture hip-hop. L’art se fait partout, l’art vient de la rue et principalement de la danse pour moi.
Bref, j’ai été très influencée par les meufs !
Quelles sont tes inspirations musicales ?
Quand j’étais petite, j’étais hyper-fan d’MC Solaar, il y a un album que je connais par cœur. Après, j’ai beaucoup aimé Grand Corps Malade. Il m’avait d’ailleurs invité à un de ses concerts, à venir aux balances, etc. C’est un mec super. En grandissant, j’ai commencé à écouter beaucoup de rappeuses comme Casey, La Gale, Diam’s évidemment, KT Gorique… Bref, j’ai été très influencée par les meufs ! Puis après, j’ai été influencé par le jazz, l’hyper-pop, l’électro, un mélange d’un peu de tout !
Je parle simplement de choses que je vis, que je traverse. Je n’écris pas dans le but de faire une chanson engagée. Je pense être naturellement une artiste engagée
Certaines de tes chansons pourraient être qualifiées comme étant « engagées », est-ce que pour toi, c’est important de véhiculer un message à travers tes chansons ?
Je pense que pour moi, c’est naturel, et je ne me rendais pas compte à quel point c’était engagé pour ceux qui m’écoutent. Je parle simplement de choses que je vis, que je traverse. Je n’écris pas dans le but de faire une chanson engagée. Je pense être naturellement une artiste engagée, ne serait-ce que par les œuvres que je choisis au cinéma ou au théâtre. Pas tout le temps évidemment, mais c’est quelque chose qui me parle assez naturellement de manière générale. Ça ne me dérange pas qu’on me « catégorise » comme ça. Au contraire, je trouve ça cool ! Si ça peut permettre à certaines personnes d’être sensibilisées sur certains sujets alors c’est top !
Quelle importance portes-tu sûr le regard de tes proches concernant ta musique ?
Mes parents viennent à mes concerts, ma mamie de 86 ans est déjà venue à un de mes concerts. Alors évidemment, il y a certains moments, où je dis certaines paroles et je ne vais pas la regarder dans les yeux effectivement ahahah !
Il y a des choses où je vais avoir un peu plus d’intimité à dire, par rapport à eux ou sur eux, simplement pour les protéger. Mais en même temps, je pense qu’il faut que je dise ce que j’ai à dire parce que c’est comme ça que je toucherai les gens à travers ma musique. Et ils suivront forcément parce que c’est mon histoire, et c’est ok l’histoire, c’est notre passé. Puis si certaines personnes de ma famille ne valident pas mes chansons, ils ont juste à ne pas les écouter.
© Crédits photo : Sopycal
N’étant pas seulement une artiste musicale ; quelles sont tes ambitions artistiques de manière générale ?
Je me sens hyper soutenu par mon label sur ça, pour ouvrir à la pluridisciplinarité de ma carrière. Et qu’il y ait aussi une expérience de théâtre, de danse, et pas seulement que de la musique ; en gros plusieurs choses qui se mélangent pour espérer faire un spectacle hybride. J’anime aussi des ateliers d’écriture pour des jeunes à la "Seine". J’adore transmettre. Mais c’est sûr que je n’aspire pas qu’à la musique. J’aimerais bien écrire, des poèmes, réaliser des courts-métrages etc. Je me sens bonne que dans le domaine artistique donc je me vois rester toute ma vie dans ça de manière générale.
J’ai juste envie d’être en vie demain. J’ai pris conscience de ça il n’y a pas longtemps
Quel est ton rapport avec l’argent et la popularité que peuvent emmener une carrière musicale en tant qu’artiste ? Quelles sont tes ambitions dans la vie de manière plus générale ?
Honnêtement, j’ai juste envie d’être en vie demain. J’ai pris conscience de ça il n’y a pas longtemps. Je pense qu’il y a certaines personnes qui peuvent se permettre de rêver de prix, de richesse, etc. Mais pour moi, je pense que ce n’est pas forcément un cadeau en soit. Ça n’empêche que je ne dénigre pas les personnes qui rêvent de ces choses-là. Mais sinon en termes d’ambitions personnelles, je dirai que j’ai juste envie de durer, me perfectionner en chant, apprendre le piano etc. M’améliorer en tant qu’artiste tout simplement, pour pouvoir encore vivre de mon art dans 10 ans, ça sera super.
© Crédits photo : Erwan Bazin (à gauche) ; Thomas Bader (à droite)
En gros le concept ça serait, « être dans l’affirmation » de moi-même et de le visualiser en court-métrage
C’est quoi le futur de Sopycal ? Est-ce qu’un premier album est à prévoir ?
Effectivement ! Je bosse actuellement sur mon premier album. J’ai envie de travailler avec des gens que j’aime, connu, pas connu, homme ou femme qu’importe. Des gens pour qui j’ai eu un « crush » artistique en gros. Et qui partagent les mêmes choses que moi. On aimerait bien que ça soit produit et finalisé par une femme aussi, donc le mix, le mastering, les arrangements, la réal quoi. J’aimerais que visuellement, il y est un court-métrage qui englobe le concept du projet, ça serait génial.
Mais j’ai envie d’y aller mollo pour le premier album, déjà rien que le fait de dire « je suis là et j’existe » c’est déjà un grand pas, je trouve ! Et pour moi ça sera aussi assumer un peu plus le fait d’être Queer, le fait d’être bi. Ce sont des choses que j’ai envie de visibiliser, parce que j’ai un peu l’impression de les invisibiliser par moi-même. En gros le concept ça serait, « être dans l’affirmation » de moi-même et de le visualiser en court-métrage ou quelque chose comme ça !
Note personnelle de notre rédacteur Théo :
« J’ai rencontré Sopycal à Darwin, autour d’un chocolat chaud et d’une bière, un après-midi gris et pluvieux, mais elle a su apporter sa touche de couleur au milieu de tout ça. C’est une artiste sensible, passionnée, simple et entière. Nous avons discuté une bonne heure, chose rare quand je m’entretiens avec des artistes pour les rédiger en article. C’était une discussion simple mais très enrichissante personnellement. Je vous encourage à aller écouter son premier EP et son prochain projet, ou aller la voir sur scène, domaine dans lequel elle excelle. Je la remercie pour ce moment partagé. »
Théo Giordanella I 09.12.2023
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