top of page

Rencontre avec Gaël Faye

Au cœur de la petite ville de Bourges, entre deux concerts d’un des plus vieux festivals francophones, nous avons eu l’occasion incroyable d’interviewer un artiste aux multiples talents. L’auteur-compositeur et interprète Gaël Faye, nous a accordé le privilège d’un petit entretien avec lui, avant de nous livrer lors du troisième soir du festival du printemps de Bourges, un concert à couper le souffle. Comme sur scène, l’artiste se livre à nous avec une justesse dans les mots et beaucoup d'émotions dans ses paroles. On vous laisse en témoigner à travers ces quelques lignes.

© Florent Gardin

Il y a quelques années tu as fait partie de la sélection des "inouïs" du PDB, peux- tu peux nous parler un peu de cette expérience?


Avant de venir ici, je connaissais de nom mais je ne savais pas l’importance que ça avait, je ne connaissais pas ce circuit pour lancer les artistes… Pour moi cette expérience avait déclenché toute une série de concerts à travers la France. Les “inouïs” servent un peu de tremplin où des pros viennent nous voir, où tout se fait un peu par bouche à oreille.

Je voulais faire un album, je sentais qu’il y avait un album qui était là qui vivait en moi

Quelles ont été vos sources d’inspirations, qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans le monde de la musique?


Je voulais faire un album, je sentais qu’il y avait un album qui était là qui vivait en moi! Une de mes inspirations était issue d’un groupe dont j’adorai les mix, qui s’appelait The roots, et je me suis dit que si je devais créer du son, je voulais que ça soit mixer par la même personne qui mixait ce groupe. J’ai également été inspiré par un label californien qui s’appelle Stone Throw Records. J'aimais vraiment leur manière d’être dans le business tout en gardant une attitude hip-hop. Cela m’a inspiré dans la création de mon propre label.

© Gael Faye
Je suis grandement influencé par l’écriture et la poésie depuis que j’ai 12-13 ans, la musique est arrivée par hasard, j’avais des poèmes et je ne savais pas réellement quoi en faire

La musique n’est pas votre seul point fort puisque vous avez également sorti un livre Petit Pays, qui a également connu une adaptation cinématographique, pourriez vous nous dire quelques mots concernant ce projet?


Je suis arrivé à la musique grâce à l’écriture. Je suis grandement influencé par l’écriture et la poésie depuis que j’ai 12-13 ans, la musique est arrivée par hasard, j’avais des poèmes et je ne savais pas réellement quoi en faire jusqu’à me lancer dans le rap. Concernant le roman, j’ai toujours senti qu’il y avait des romans qui vivaient en moi mais par contre je me disais que j’étais pas prêt en voyant tout ce qui existait déjà. C’est la rencontre avec une éditrice indépendante qui m’a débloqué à une époque où j’étais un peu frustré avec les chansons: j’avais envie de dire beaucoup de choses mais j’avais l'impression que les chansons me restreignent. La réception de Petit Pays a été incroyable, l’ouvrage a été traduit en 45 langues et il m’a beaucoup fait voyager. Je n'ai jamais arrêté la musique pour autant.


Vous comptez en sortir un autre ?


J’en écris d’autres! Actuellement je travaille sur deux autres romans. Je suis dans une période de ma vie où si je sors un projet il y a une attente et un public derrière, du coup il faut que j’ai l’énergie d’accompagner la sortie d’un projet ce qui n’est pas toujours évident. Je ne veux pas risquer de ne pas avoir la disponibilité d’esprit, de temps pour le mener à bien, et je ne veux pas risquer de faire de burn out pour continuer à faire pleins de projets encore. Petit Pays est sorti en 2016, les gens ont l’impression que c’est lointain mais moi j’ai été dans le monde entier après pour accompagner le roman ça a pris du temps mais c’était fabuleux. C’est pareil quand je sors un album!

© Gael Faye
J’étais un peu stressé à l’idée de revenir sur scène concernant toutes les mesures sanitaires mais je suis trop content de revenir malgré tout cela.

D’ailleurs vous avez sorti un nouvel album en novembre dernier, pouvez-vous nous en parler?


C’est un album qui est apparu après cette période frénétique de voyage, de promotion de Petit Pays, un moment où je savais plus trop où j’en étais et cet album m’a permis de dialoguer avec d’autres artistes. Je voulais qu’il insuffle un air de révolte, d’espoir et de danse… Je me suis dit “ok! Qu'est-ce qui t’inspire aujourd’hui? Qu’est-ce qui te donne envie d’avancer dans cette période difficile remplie de contradictions où on peine à y voir assez clair? “. Il y avait une personne qui m’inspirait, un chanteur activiste: Harry Belafonte. Cet homme promulgue une forme d’engagement toujours lié à la vie, à l’art, qui va toujours parler au plus grand nombre. Il a notamment travaillé sur l’initiative de la chanson we are the world. Je lui ai envoyé une lettre et nous avons travaillé ensemble. J’ai également travaillé avec Christiane Taubira, qui a écrit une chanson pour moi. Cet album a été plein de rencontres et j’attendais impatiemment les concerts. Ce soir est ma deuxième date depuis le retour des concerts. J’étais un peu stressé à l’idée de revenir sur scène concernant toutes les mesures sanitaires mais je suis trop content de revenir malgré tout cela.

Quelques mots pour finir, à livrer à tous vos fans, à tous ceux qui vous écoutent ou vous lisent?


Je dirais qu’ il faut toujours se dire qu’on a toujours une emprise sur notre propre monde. Souvent on va se dire qu’on laisse le monde tel qui va, qu’on a pas notre place dans celui-ci mais il faut se dire que pour s’adapter à celui-ci ça commence par peu de choses mais que souvent ce peu de choses c'est d’abord apprendre à se connaître et savoir ce que l’on veut faire dans la vie. Moi j’ai suivi des rails pendant longtemps j’ai eu un master en finances, travaillé dans des banques, socialement je donnais le change … Quand on gagne bien sa vie les gens ont l’impression qu’on est heureux, qu’on va bien mais j’avais influencé pas le monde de cette façon alors qu’avec la musique je savais que j’allais galérer mais j’ai bien fait de faire ça car je me suis rendu compte qu’en faisant quelque chose que j’aime, je pouvais faire passer des messages, inspirer, donner envie, motive… Je dirai aux gens de se regarder dans la glace et de vraiment apprendre à se connaître afin qu’ils fassent ce qui leur plaise vraiment dans la vie.


 

Marie Manon Poret I 21.07.21

421 vues
bottom of page