Artistes hispaniques, elles enchaînent les millions de stream sur les plateformes d’écoute. Leur point commun ? La hargne. A la fois une révolution et une révélation, nous avons voulu dédier ces quelques lignes à celles qui se battent pour l’égalité.
Le rap est encore un secteur où la représentation féminine est très faible. En effet, les textes sexistes et discriminants, nous montre assez bien quotidiennement qu’il est difficile pour elles de s’imposer (en tant que femme et artiste). En Amérique Latine notamment, où malheureusement les droits des femmes, même si de plus en plus débattus sur la scène médiatiques, restent encore fragiles. Mais, d’une certaine façon, l’essor des musiques latines a permis à ces femmes artistes de se révéler au grand public. En effet, depuis une dizaine d’années, les musiques tout droit venues d’Amérique latine sonnent en continuent dans le monde entier (on pense bien sûr à Daddy Yankee, Bad Bunny ou encore J Balvin). Une opportunité à saisir pour celles qui rêvaient d’étendre leur voix.
La différence notable, entre le rap latin et le rap que l’on connaît en France, est que les artistes du continent voisin s’expriment de manière totalement décomplexée sur des sujets comme la sexualité (la leur), la drogue (leur consommation), ou encore la violence (celle qu’elles ont vécu et celle qu’elles ont provoquée). Une nouvelle culture musicale féminine qui ose parler de sujets longtemps assignés aux hommes. Ainsi, loin de la chanteuse de RnB qui accompagnait le rappeur dans les années 2000, nos artistes brisent les codes et se révèlent être les protagonistes de la musique grâce à leur répartie tranchante, et à leur débit de paroles hallucinant.
L’artiste Snow tha product illustre ce propos. Enfant de parents immigrés mexicains, elle naît en Californie en 1985. Reliée par ses parents à la culture musicale mexicaine, elle décide à ses 19 ans de consacrer sa carrière au rap. Signée par le label Atlantic Records jusqu’en 2015, elle continue par la suite sa trajectoire en autonomie.
Magicienne des mots, son flow bilingue est l’un des plus rapides jamais écouté. Rappeuse queer, et mère célibataire assumée, Snow n’hésite pas à parler de thèmes qui dérangent, notamment celui de l’immigration.
Bien que celle-ci ait fait ses débuts dans les années 2000, elle n’émergera sur la scène internationale qu’en 2021 grâce à Bizarrap et leur Sesión #19, producteur très en vogue en Amérique Latine. Une visibilité outre atlantique qui lui remet enfin ce succès tant mérité puisque la même année, elle est nominée parmi les « meilleures chansons rap/Hip Hop » aux Latin Grammy Awards, et interprète un morceau dans la célèbre série La Reina del Sur. De plus, récemment elle est conviée à se représenter au Qatar lors de la Coupe du Monde, une invitation qu’elle décline, ne se reconnaissant pas dans les valeurs morales du pays.
Cet essor dans sa carrière n’aurait sûrement pas eu lieu si la musique latine n’était pas sur les devants de la scène, et si Biza n’avait pas fait appel à elle. Mais, peu importe, Snow tha Product est une artiste effrontée et accomplie, pionnière dans ce mouvement émancipatoire des femmes dans le rap.
Nous remarquons qu’en France beaucoup d’artistes féminines se mettent à rapper sur des thématiques nouvelles qui sortent du rap conscient et promeuvent leur trajectoire qui ne suit pas les dictats de la société. Une lutte sociale q
u’assumera pleinement le rap dans les années à venir ? C’est en tout cas le pari que nos artistes se sont lancé.
Marie-Kenza Lafkir I 11.12.2022
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