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Oracle Sisters : entretien avec un phénomène folk !

Dernière mise à jour : 17 mars 2023

Trio nomade aux accents de soleil Oracle Sisters, véritable renouveau pour la folk, est un groupe aussi rafraîchissant que prolifique. Après la sortie des EP Paris I et Paris II, ainsi qu’une une myriades de concerts, voilà que sort déjà Hydranism, leur tout premier album. À cette occasion, Chris et Lewis ont accepté de répondre à nos questions.

© Ella Hermë

Ces deux dernières années ont été intenses pour vous. Des tournées, la sortie de 2 EP et la préparation d’un album… Comment ça va ? Comment arrivez-vous à jongler avec les différents aspects de la vie de musiciens ?


Lewis : C’est sûr qu’en ce moment, on est dans une transition pour essayer d’être plus organisés, plus structurés parce qu’on s’est retrouvés à porter beaucoup de casquettes différentes. Et là, on a envie de se concentrer sur la musique. On pense déjà au deuxième album, on a écrit beaucoup de chansons pour ça mais il faut avoir la bonne structure et la bonne équipe en place.

Mais psychologiquement je pense que ça va !


Chris : Il y a cette expression en anglais : “ growing pains”. C'est-à-dire que lorsque tes ailes poussent il y a quand même un certain inconfort. On apprend en faisant le job. Là où on a été ambitieux, c’est la création et ça a peut être attiré des opportunités mais avec ça il faut aussi apprendre à comment gérer le côté “business” qui est très chargé, et en ces temps moderne c’est tout un monde. C’est intéressant en même temps mais ça peut distraire de la musique. Alors il faut s’entourer des meilleures personnes possible pour pouvoir se concentrer sur la création.

Si on a créé le groupe c’est parce qu’on adore écrire et jouer.

Vous écrivez et composez tous les trois ?


Lewis : A la base Chris et moi sommes amis d’enfance et on est arrivé à Paris en même temps et on a écrit beaucoup de morceaux ensemble. Du coup, on a un côté un peu binôme avec les chansons. Puis on a rencontré Julia qui est rentrée dans le groupe, elle compose aussi, des fois elle arrive avec des chansons à elle. On a déjà écrit à trois, ça arrive de plus en plus.


Chris : C’est vrai qu’il y a nos morceaux, et puis il y a ce qu’ajoute la voix de Julia… Le nom du groupe on l’a trouvé avec elle aussi. En fait, quand on a rencontré Julia elle nous a beaucoup inspiré, je pense aussi que sa présence et son attitude influencent les compos. On a aussi développé le côté live avec Julia. On avait beaucoup écrit mais pas vraiment joué et avec elle on est vraiment devenu un groupe.


Qu'est ce qui vous à réuni à Paris ?


Chris : On hésitait à aller à Londres et heureusement que non vu qu’il y a eu le Brexit. Lewis était à New York, moi en Ecosse et on savait qu'on voulait être dans la même ville et on a rencontré pas mal de parisiens dans une résidence artistique en Italie. Et y’a un mec là bas qui ouvrait un cabaret à Paris. Juste à côté du moulin rouge. Et il nous a dit : « Hey les gars j’ouvre un cabaret venez travailler, vous pouvez y faire la direction artistique ! »

Moi je bossais déjà dans un cabaret en Ecosse. On s’est dit qu’on allait faire ça que ça allait être marrant. Mais le cabaret a fermé une semaine après notre arrivée ! En soit c’était vraiment une bonne chose parce qu’on a beaucoup composé, on avait que ça à faire.


Et avec Julia ? Comment vous en êtes venu.e.s à former un trio ?


Chris : A la base c'était pour la batterie, puis on s’est mis à chanter ensemble et Lewis et moi on voulait vraiment chercher à chanter en harmonie et Julia chante très très bien en harmonie. Avec sa voix c’était assez évident.

Et puis quand tu es dans un groupe tu passes beaucoup de temps ensemble, il y a beaucoup d'organisation artistique et elle amène une douceur et une légèreté très importante.


Vous avez commencé l'album en Grèce pendant la crise sanitaire, comment ça s'est déroulé ?


Lewis : J'étais invité là bas il y a 5 ou 6 ans.. Je n'avais pas vraiment d'argent pour y aller mais j'avais un contact, une peintre. Je fais aussi de la peinture. Et la peintre qui m'a invitée avait proposé de me présenter à des collectionneurs. Avec ça j'ai pu faire des échanges, avoir des lieux pour peindre. Et du coup, hors saison j'y allais, j'invitais Chris, on travaillait nos chansons je peignais… Et parallèlement on a rencontré un mec qui montait un studio sur l'île. Plus tard, on avait toujours un peu en tête d'enregistrer là-bas. Et il y a eu le covid, il y avait cette petite fenêtre où l'on pouvait voyager. On s'est dit que c'était le moment pour enregistrer dans ce studio, on venait de signer un deal avec notre label. On y est allé, on a invité tous nos musiciens de Paris, l'ingé son.. Et on a bossé là 3 semaine/1 mois enfermés, à enregistrer H24.


Pour moi, pas mal de chansons ont été écrites là-bas… On composait sur la guitare acoustique pour après passer à la production avec le groupe. Et c'est un contexte merveilleux de faire ça, enfermés sur une île, sans voitures… C'est un peu idéal. Ça s'est fait dans l'esprit pur et direct de la musique live. Et toi Chris ?


Chris : Ouais on s'est laissé de la place. On est arrivé là bas peut être deux semaines avant la session studio, on avait pas mal de chansons dans la poche mais on s'est laissé le temps pour voir ce que c'était d'être là bas. Et finalement y'a pas mal de nouvelles chansons qui sont arrivées très vite une fois sur place. On a tout montré au groupe rapidement et c'était une bonne énergie créatrice. Genre « tiens là y'a une chanson, apprend la, montre les accords et maintenant on l'enregistre ». J'aimais vraiment bien cette fluidité.


Tu sais, ce studio c'est une ancienne usine de tapis avec un plafond très très haut. Il y avait un puits, donc ça faisait des reverbes magnifiques. Il y avait un piano aussi.. Tout ça, ça influence comment tu peux imaginer les chansons. Et on était très ouvert à être influencés je pense, inspirés.

C'est bien d'avoir confiance en l'inconnu aussi.
© Victoria Lafaurie

À quoi doit-on s'attendre en termes de coloration musicale et d'émotion ?


Lewis : À quoi s'attendre, du jaune de l'argent.. (rires) Chris ?


Chris : On l'a enregistré pendant un moment particulier. J'ai pas envie d'en parler parce que tout le monde en a suffisamment parlé de ce confinement… Mais c'est dur de s'en séparer, on est allé là bas pendant un moment difficile et on s'est retrouvé dans une situation idéale. C'était une décision prise au dernier moment, il y avait un studio, un vol, les gens étaient disponibles en l'absence de concert… Et on s'est échappé. Du coup dans l'album tu le ressens. Il y a une sorte de profondeur et on ne peut pas mettre un doigts sur une émotion, les chansons créent ce lien entre profondeur, et quelque chose de sombre mais qui te tire vers le haut vers l'espoir.

Ce grand ciel bleu qu'on voyait devant le port et ces jolies lumières, c'est sûr qu'il y a de l'espoir dedans.

Et tu sens qu'il y a de l'envie..


Lewis : Et du vague à l'âme.


Chris : En termes de narration, dans les chansons, il y a des sujets assez différents mais au niveau de l'instrumentation y'a beaucoup de piano, y'a pas mal de bois, y'a ces reverbes qui viennent de la salle… Et je trouve que, tout ça, ça fait une continuité entre les morceaux.


Lewis : Je viens de penser au mythe de l'odyssée. Tout le poème parle du fait d'être loin de chez soi et de penser à revenir à son île. Et ça rappelle un peu cette émotion, quand t'es sur une île, isolé. Le retour, l'appel vers l'autre… Il y a quelque chose comme ça qui joue là-dedans.


© Ella Hermë

Un morceau sur lequel vous avez particulièrement pris du plaisir à travailler ?


Chris : On arrivait au studio tôt le matin, certain y dormait, d’autres non, mais on y restait tard le soir (2h, 3h du matin) et y’a un soir en particulier où après un bon repas et quelques verres d'ouzo, on s’est mis à jouer et petit à petit l’ingé a construit le studio autour de nous. C’est comme ça qu’on a enregistré une chanson composée sur l’île qui s’appelle Peat Fire Morning. Et ça parle de là d’où je viens, l’Irlande, qui est une île aussi. Cet enregistrement s'est passé tellement naturellement, cette chanson est très spéciale pour moi.


Lewis : Il y a une chanson sur laquelle j’étais particulièrement têtu c’est Tramp like you. J’étais convaincu que ça allait être une bonne chanson. C’était un peu l’aventure de créer une ambiance dessus. On a des pianos qui ont été enregistrés en France, à New-York, partout…on cherchait des pistes. On travaille avec deux pianistes différents dont un tourne régulièrement avec nous. Et on a réussi à avoir le résultat qu’on cherchait. Je suis content de comment on a construit cette chanson.


Qui dit album, dit tournée. Quelle place occupe la performance dans la manière dont vous vivez votre musique ?


Chris : Quand tu écris un morceau il y a une excitation, tu te perds, t’es emporté et tu peux avoir cette sensation de façon un peu différente sur du live. Mais ce que j’aime vraiment avec le live c’est le fait de voyager, de voir tous ces gens et d’imaginer qui ils peuvent être.

Je trouve ça fabuleux.


Lewis : J’ai pas grand chose à ajouter à ça. Je pense qu’il faut faire vivre la chanson dans le moment comme si elle était nouvelle chaque fois.


Ainsi se termine cet entretien plein de voyages et de liberté. Hydranism sort le 07 avril 2023, on ne doute pas qu’il sera accueilli avec la chaleur qu’il mérite.


Infos pratiques

Concerts :

18.04.23 Yes Basement, Manchester, UK

19.04.23 Nice n Sleazy, Glasgow, UK

20.04.23 Cumberland Arms, Newcastle, UK

21.04.23 OSLO, London, UK

23.04.23 Bitterzoet/Paradiso, Amsterdam, Netherlands

25.04.23 Cafe de la Danse, Paris, France

27.04.23 Pop Festival, Cologne, Germany

28.04.23 Molotov Skybar, Hamburg, Germany

29.04.23 Badehaus, Berlin, Germany

2.05.23 : Bruxelles, Nuits botaniques, Belgique



 

Maeva Gourbeyre I 14.03.2023

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